Achat immobilier : Les stratégies d’exonération fiscale pour optimiser votre investissement

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L’acquisition d’un bien immobilier représente souvent l’investissement le plus conséquent dans la vie d’un particulier. Au-delà du coût d’achat initial, la fiscalité constitue un paramètre fondamental à maîtriser pour rentabiliser votre placement sur le long terme. Les dispositifs d’exonération fiscale, nombreux mais complexes, permettent de réduire significativement la charge fiscale associée à votre patrimoine immobilier. Cette approche stratégique nécessite une compréhension fine des mécanismes légaux et des conditions spécifiques à respecter. Notre analyse détaille les différentes options d’allègement fiscal disponibles pour les propriétaires et investisseurs, ainsi que les critères précis pour en bénéficier pleinement.

Les dispositifs d’exonération pour la résidence principale

La résidence principale bénéficie d’un régime fiscal particulièrement avantageux en France. L’exonération totale de la plus-value réalisée lors de la vente constitue l’avantage majeur de ce statut. Cette disposition s’applique sans condition de durée de détention, contrairement aux résidences secondaires ou aux biens locatifs.

Pour qu’un logement soit considéré comme résidence principale, il doit constituer votre habitation effective et habituelle au moment de la vente. L’administration fiscale s’appuie sur un faisceau d’indices pour qualifier ce statut : consommation d’énergie, adresse fiscale, centre des intérêts familiaux, etc.

Un cas particulier mérite attention : l’exonération reste applicable si la vente intervient dans un délai « normal » après le déménagement. Ce délai, généralement d’un an, peut être étendu si des circonstances particulières justifient l’impossibilité de vendre plus rapidement (marché immobilier défavorable, succession compliquée, travaux nécessaires).

Extensions du régime d’exonération

Le législateur a prévu plusieurs extensions à cette exonération principale :

  • Les dépendances immédiates (garage, cave) vendues simultanément avec la résidence principale bénéficient du même régime fiscal
  • La première cession d’un logement autre que la résidence principale peut bénéficier d’une exonération si le produit de la vente est réinvesti dans l’acquisition de la résidence principale dans un délai de 24 mois
  • Les non-résidents fiscaux français peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’une exonération partielle pour la vente d’un bien en France

Le dispositif d’exonération s’applique également aux plus-values immobilières réalisées par les personnes résidant en EHPAD ou en établissement spécialisé, à condition que la vente intervienne dans un délai inférieur à deux ans après l’entrée dans l’établissement.

Un autre cas notable concerne les personnes relogées suite à une expropriation. Elles bénéficient d’une exonération de la plus-value réalisée lors de la revente du logement de remplacement, sous réserve que ce dernier ait été acquis dans les douze mois suivant l’expropriation.

Optimisation fiscale pour les dépendances

La qualification des dépendances peut s’avérer stratégique. Pour bénéficier de l’exonération, ces dernières doivent présenter un caractère accessoire par rapport à l’habitation principale. La jurisprudence fiscale a précisé cette notion, en tenant compte de plusieurs critères comme la proximité géographique, l’usage effectif et la proportion entre les surfaces respectives.

Une planification judicieuse peut consister à vendre séparément une dépendance éloignée après avoir établi sa résidence principale dans celle-ci pendant au moins un an, permettant ainsi de bénéficier de l’exonération sur deux opérations distinctes.

Les mécanismes d’exonération liés à la durée de détention

Pour les biens immobiliers ne relevant pas du régime de la résidence principale, le législateur a instauré un système d’abattements progressifs basé sur la durée de détention. Ce mécanisme permet une exonération totale après 22 ans de possession pour l’impôt sur le revenu et 30 ans pour les prélèvements sociaux.

Le calcul de ces abattements s’effectue selon un barème précis :

  • Pour l’impôt sur le revenu : 6% par an de la 6ème à la 21ème année, puis 4% pour la 22ème année
  • Pour les prélèvements sociaux : 1,65% par an de la 6ème à la 21ème année, 1,60% pour la 22ème année, et 9% par an de la 23ème à la 30ème année

La date d’acquisition retenue correspond généralement à la signature de l’acte authentique ou, dans certains cas particuliers comme les constructions, à l’achèvement des travaux. Pour les biens reçus par succession ou donation, c’est la date d’acquisition par le précédent propriétaire qui est prise en compte, permettant ainsi de bénéficier d’une durée de détention plus longue.

Cas particulier des terrains à bâtir

Les terrains à bâtir obéissent aux mêmes règles d’abattement pour durée de détention que les autres biens immobiliers. Toutefois, leur qualification fiscale peut parfois prêter à confusion. L’administration fiscale considère comme terrain à bâtir tout terrain destiné à la construction d’immeubles, qu’il s’agisse de terrains nus ou comportant des constructions destinées à être démolies.

Une stratégie d’optimisation peut consister à maintenir la propriété jusqu’à l’obtention de l’exonération totale, particulièrement si la plus-value latente est significative. Dans certaines situations, il peut être judicieux de réaliser une donation avant cession, permettant ainsi de purger la plus-value ou de bénéficier de l’antériorité de possession.

Exonérations spécifiques pour les plus-values modestes

Un dispositif particulier exonère totalement les plus-values dont le montant est inférieur à 15 000 euros, quel que soit le type de bien vendu. Cette disposition s’applique au montant de la plus-value nette imposable, après application des abattements pour durée de détention.

Cette exonération peut être stratégiquement exploitée en fractionnant une vente en plusieurs cessions distinctes, sous réserve que chaque transaction constitue une opération autonome et économiquement justifiée. Attention toutefois, l’administration fiscale dispose de l’arme de l’abus de droit pour requalifier des opérations artificiellement fragmentées.

Les dispositifs d’exonération liés à des situations personnelles spécifiques

Le Code général des impôts prévoit plusieurs cas d’exonération totale des plus-values immobilières liés à la situation personnelle du vendeur, indépendamment de la nature du bien ou de sa durée de détention.

Première situation majeure : les contribuables dont le revenu fiscal de référence de l’avant-dernière année précédant la cession est inférieur à un certain seuil (actuellement fixé à 11 276 euros pour la première part de quotient familial, majoré de 2 969 euros pour chaque demi-part supplémentaire) bénéficient d’une exonération totale. Cette disposition vise principalement les personnes aux ressources modestes.

Deuxième cas notable : les personnes résidant dans un établissement social ou médico-social, un établissement de soins de longue durée ou une résidence seniors peuvent bénéficier d’une exonération lors de la cession de leur ancienne résidence principale, sous réserve que cette dernière soit restée inoccupée depuis leur entrée dans l’établissement.

Exonération pour les retraités et personnes en situation de handicap

Une disposition particulièrement avantageuse concerne les retraités ou invalides de condition modeste résidant en maison de retraite. Ces personnes bénéficient d’une exonération totale de la plus-value réalisée lors de la vente de leur ancienne résidence principale, sous réserve que :

  • La cession intervienne dans les deux ans suivant l’entrée dans l’établissement
  • Le bien n’ait pas été occupé depuis l’entrée dans l’établissement
  • Le vendeur ne soit pas assujetti à l’impôt sur la fortune immobilière

Cette mesure présente un intérêt majeur pour financer les frais d’hébergement en établissement spécialisé, souvent onéreux.

Exonération liée à l’expropriation

Les propriétaires expropriés pour cause d’utilité publique peuvent bénéficier d’une exonération de la plus-value réalisée, à condition de remployer l’intégralité de l’indemnité d’expropriation dans l’acquisition d’un bien similaire dans un délai de douze mois. Cette disposition s’applique également en cas de cession amiable sous menace d’expropriation.

La notion de « bien similaire » fait l’objet d’une interprétation relativement souple par l’administration fiscale, qui admet par exemple qu’un terrain agricole exproprié puisse être remplacé par un bien immobilier urbain, dès lors que la vocation patrimoniale demeure identique.

L’anticipation de ces situations personnelles particulières peut constituer un levier d’optimisation fiscale considérable, notamment dans le cadre d’une planification patrimoniale à long terme intégrant les évolutions prévisibles de la situation familiale et professionnelle.

Les dispositifs de défiscalisation immobilière pour l’investissement locatif

L’investissement dans l’immobilier locatif bénéficie de nombreux dispositifs de défiscalisation qui, sans être des exonérations au sens strict, permettent de réduire significativement l’imposition globale du contribuable.

Le dispositif Pinel, bien que progressivement réduit jusqu’à sa disparition programmée fin 2024, reste un mécanisme majeur. Il offre une réduction d’impôt pouvant atteindre jusqu’à 21% du prix d’acquisition (plafonné à 300 000€) pour un engagement de location de 12 ans. Les conditions à respecter sont strictes :

  • Localisation dans des zones tendues (A, Abis, B1)
  • Respect de plafonds de loyers et de ressources des locataires
  • Performance énergétique minimale du logement (classe A ou B depuis 2023)
  • Engagement de location nue comme résidence principale pendant 6, 9 ou 12 ans

Le dispositif Denormandie, variante du Pinel orientée vers la rénovation dans les centres-villes, offre des avantages similaires sous réserve que le montant des travaux représente au moins 25% du coût total de l’opération.

La location meublée et le statut LMNP

Le statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP) constitue un régime fiscal particulièrement avantageux. Il permet notamment :

L’amortissement comptable du bien et des meubles, générant un déficit fiscal imputable sur les revenus locatifs futurs sans limitation de durée. Cet avantage permet souvent de percevoir des loyers quasiment non imposés pendant de nombreuses années.

La récupération de la TVA sur le prix d’acquisition pour certains types d’investissements, notamment en résidence services (étudiante, seniors, tourisme). Cette récupération, pouvant atteindre 20% du prix HT, s’accompagne d’un engagement de location meublée pendant 20 ans.

Le choix entre le régime micro-BIC (avec un abattement forfaitaire de 50% sur les recettes) ou le régime réel, ce dernier étant généralement plus avantageux pour les investissements avec emprunt ou travaux importants.

Dispositifs spécifiques pour l’investissement touristique

Le statut de meublé de tourisme offre un abattement forfaitaire de 71% dans le cadre du régime micro-BIC, pour les locations saisonnières situées en zone rurale ou classées. Cette disposition, combinée à l’absence de plafonnement des loyers, peut générer une rentabilité après impôt très attractive.

Pour les investissements dans des résidences de tourisme classées, le dispositif Censi-Bouvard (jusqu’à fin 2023) permet une réduction d’impôt de 11% du prix d’acquisition (plafonné à 300 000€) répartie sur 9 ans, cumulable avec la récupération de TVA et le régime LMNP.

Ces dispositifs nécessitent une analyse approfondie de votre situation fiscale personnelle et de l’emplacement du bien, la localisation restant le critère fondamental de réussite d’un investissement locatif, au-delà des seuls avantages fiscaux.

Les stratégies d’optimisation via les Sociétés Civiles Immobilières

La Société Civile Immobilière (SCI) constitue un outil juridique puissant pour optimiser la fiscalité immobilière. Sans être en elle-même un dispositif d’exonération, elle offre une flexibilité considérable dans la gestion et la transmission du patrimoine immobilier.

La SCI permet notamment de fractionner la propriété entre plusieurs associés, facilitant ainsi les donations progressives de parts sociales. Cette stratégie d’anticipation successorale permet de bénéficier plusieurs fois des abattements fiscaux sur les donations (100 000€ par parent et par enfant tous les 15 ans).

En matière d’impôt sur la fortune immobilière (IFI), la détention via une SCI permet d’appliquer une décote sur la valeur des parts, généralement comprise entre 10% et 30%, reflétant leur moindre liquidité par rapport à une détention directe. Cette technique, admise par l’administration fiscale sous certaines conditions, réduit mécaniquement l’assiette imposable à l’IFI.

Optimisation du régime fiscal de la SCI

Le choix du régime fiscal de la SCI constitue un levier d’optimisation majeur :

La SCI à l’impôt sur le revenu (IR) présente l’avantage de la transparence fiscale : les résultats sont imposés directement entre les mains des associés, proportionnellement à leurs droits. Ce régime permet notamment d’imputer les déficits fonciers sur le revenu global des associés, dans la limite annuelle de 10 700€.

La SCI à l’impôt sur les sociétés (IS) permet quant à elle d’amortir comptablement les immeubles, générant ainsi une économie d’impôt substantielle. Elle facilite également l’autofinancement de nouveaux investissements grâce à un taux d’imposition des bénéfices potentiellement inférieur au taux marginal de l’IR des associés.

  • Avantages de la SCI à l’IR : déduction des intérêts d’emprunt sans limitation, imputation des déficits fonciers, régime des plus-values des particuliers
  • Avantages de la SCI à l’IS : amortissement des immeubles, constitution de réserves faiblement imposées, régime des plus-values professionnelles

La SCI comme outil de transmission

La SCI facilite considérablement la transmission du patrimoine immobilier. La technique du démembrement croisé permet notamment aux parents de conserver l’usufruit des biens tout en transmettant la nue-propriété des parts sociales aux enfants. Cette stratégie présente plusieurs avantages :

Réduction de la base taxable aux droits de donation, l’usufruit étant valorisé selon un barème légal dégressif avec l’âge

Reconstitution automatique de la pleine propriété au décès des usufruitiers, sans nouvelle taxation

Possibilité pour les usufruitiers de conserver la jouissance des biens ou des revenus locatifs

Cette approche doit être soigneusement planifiée avec un notaire et un conseiller fiscal, notamment pour adapter les statuts de la SCI à cette stratégie particulière et anticiper les conséquences en matière de gouvernance.

Profiter des niches fiscales liées à l’investissement dans l’ancien

L’investissement dans l’immobilier ancien offre plusieurs opportunités d’allègement fiscal, particulièrement lorsqu’il s’accompagne de travaux de rénovation. Ces dispositifs répondent à une double logique : encourager la réhabilitation du parc immobilier existant et favoriser la transition énergétique.

Le déficit foncier constitue le mécanisme fondamental d’optimisation fiscale pour les propriétaires bailleurs. Les charges déductibles (travaux, intérêts d’emprunt, frais de gestion) excédant les revenus fonciers peuvent s’imputer sur le revenu global dans la limite annuelle de 10 700€, permettant une économie d’impôt substantielle pour les contribuables fortement imposés.

Pour maximiser l’efficacité de ce dispositif, une stratégie consiste à concentrer les travaux sur une ou deux années fiscales, créant ainsi un déficit significatif. Le surplus de déficit non imputé sur le revenu global est reportable sur les revenus fonciers des dix années suivantes, prolongeant l’avantage fiscal dans le temps.

Le dispositif Malraux pour les secteurs sauvegardés

Le dispositif Malraux offre une réduction d’impôt particulièrement attractive pour les opérations de restauration complète d’immeubles situés dans des secteurs sauvegardés ou zones de protection du patrimoine architectural. Le taux de réduction atteint :

  • 30% des dépenses dans les Sites Patrimoniaux Remarquables avec Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur
  • 22% dans les autres zones protégées

Les dépenses éligibles sont plafonnées à 400 000€ sur quatre années consécutives, permettant une réduction d’impôt maximale de 120 000€ (à 30%). Contrairement à d’autres dispositifs, cette réduction n’entre pas dans le plafonnement global des niches fiscales de 10 000€ par an, ce qui en fait un outil puissant pour les contribuables fortement imposés.

L’investissement Malraux implique généralement l’acquisition d’un bien via une restauration complète supervisée par les Architectes des Bâtiments de France. Il s’accompagne d’un engagement de location nue pendant au moins 9 ans, mais sans conditions de ressources du locataire ni plafonnement de loyer.

Le dispositif Monuments Historiques

Pour les bâtiments classés ou inscrits au titre des Monuments Historiques, un régime fiscal exceptionnel permet de déduire l’intégralité des travaux de restauration du revenu global, sans plafonnement. Cette niche fiscale, particulièrement puissante, s’accompagne de contraintes strictes :

Engagement de conservation du bien pendant au moins 15 ans

Obligation de maintenir l’immeuble accessible au public (sauf pour les parties habitées)

Validation préalable des travaux par la Direction Régionale des Affaires Culturelles

Ce dispositif s’adresse principalement aux contribuables disposant de revenus très élevés et souhaitant participer à la préservation du patrimoine architectural français. La complexité des projets et les montants en jeu nécessitent généralement l’accompagnement par des sociétés spécialisées dans la restauration de bâtiments historiques.

L’investissement dans l’ancien avec travaux offre ainsi un panel de solutions d’optimisation fiscale adaptées à différents profils d’investisseurs et niveaux d’imposition. La sélection du dispositif approprié dépendra de votre situation fiscale personnelle, de vos objectifs patrimoniaux et de votre appétence pour les différentes typologies de biens immobiliers concernés.

Les perspectives d’évolution et recommandations pratiques

La fiscalité immobilière évolue constamment sous l’influence des politiques publiques et des contraintes budgétaires. Plusieurs tendances se dessinent pour les années à venir, orientant les stratégies d’optimisation fiscale à privilégier.

Le renforcement des critères environnementaux constitue l’évolution majeure. Les dispositifs fiscaux avantageux se concentrent désormais sur les biens présentant une performance énergétique élevée. Cette tendance se manifeste notamment par :

  • Le durcissement progressif des critères d’éligibilité du dispositif Pinel
  • L’augmentation des aides fiscales liées à la rénovation énergétique (MaPrimeRénov’, éco-prêt à taux zéro)
  • L’instauration de malus fiscaux pour les « passoires thermiques » (logements classés F ou G)

Face à ces évolutions, une stratégie d’anticipation s’impose. L’acquisition de biens nécessitant une rénovation énergétique peut constituer une opportunité d’optimisation fiscale, en combinant prix d’achat négocié et dispositifs d’aide à la rénovation.

L’impact de la transmission sur la stratégie fiscale

La dimension transgénérationnelle du patrimoine immobilier doit être intégrée à toute stratégie d’optimisation fiscale. Les droits de succession représentent une charge potentiellement considérable, pouvant atteindre 45% en ligne directe au-delà de 1,8 million d’euros par enfant.

Plusieurs approches permettent d’alléger cette fiscalité :

La donation en pleine propriété ou en nue-propriété, permettant de bénéficier des abattements renouvelables tous les 15 ans (100 000€ par parent et par enfant)

L’assurance-vie, dont le régime fiscal privilégié permet de transmettre jusqu’à 152 500€ par bénéficiaire avec un taux d’imposition limité à 20%

Le pacte Dutreil pour les sociétés immobilières, offrant un abattement de 75% sur la valeur des parts transmises

La mise en place précoce d’une stratégie de transmission permet non seulement d’optimiser la fiscalité, mais aussi d’éviter les situations d’indivision conflictuelles fréquentes en cas de succession non préparée.

Recommandations pratiques pour une stratégie fiscale robuste

Face à la complexité et à l’évolution constante de la fiscalité immobilière, plusieurs recommandations pratiques s’imposent :

Adoptez une approche globale du patrimoine : l’optimisation fiscale immobilière ne peut s’envisager isolément, mais doit s’intégrer dans une stratégie patrimoniale complète incluant les autres classes d’actifs (valeurs mobilières, assurance-vie, etc.)

Privilégiez la diversification des dispositifs fiscaux pour limiter l’impact des réformes futures sur votre stratégie globale

Anticipez les évolutions réglementaires, particulièrement en matière de performance énergétique des bâtiments

Documentez rigoureusement toutes les dépenses liées à vos biens immobiliers, en particulier les travaux susceptibles de majorer la valeur d’acquisition lors du calcul des plus-values

Entourez-vous d’experts spécialisés : notaire, expert-comptable, conseiller en gestion de patrimoine

La fiscalité immobilière, loin d’être un simple cadre contraignant, constitue un véritable levier d’optimisation patrimoniale pour qui sait en maîtriser les subtilités. Les dispositifs d’exonération et d’allègement fiscal représentent autant d’opportunités de valoriser votre investissement, à condition d’adopter une démarche structurée et anticipative.

Questions fréquentes sur les exonérations fiscales immobilières

Comment calculer précisément la plus-value imposable ?

Le calcul de la plus-value imposable s’effectue en plusieurs étapes. D’abord, déterminez la plus-value brute en soustrayant du prix de vente le prix d’acquisition. Ce dernier peut être majoré des frais d’acquisition (généralement forfaitisés à 7,5% pour les acquisitions à titre onéreux), des dépenses de travaux (soit forfaitisées à 15% du prix d’acquisition pour les biens détenus depuis plus de 5 ans, soit justifiées sur factures), et des frais de vente.

Appliquez ensuite les abattements pour durée de détention, différenciés pour l’impôt sur le revenu (exonération totale après 22 ans) et les prélèvements sociaux (exonération après 30 ans). Cette double temporalité complexifie le calcul mais peut générer des opportunités d’optimisation en fonction de votre horizon de détention.

Les SCI familiales sont-elles toujours avantageuses fiscalement ?

Les SCI familiales présentent des avantages indéniables en termes de gestion et de transmission, mais leur pertinence fiscale dépend étroitement de votre situation personnelle et de vos objectifs. À l’impôt sur le revenu (IR), la SCI est fiscalement transparente, ce qui signifie que chaque associé est imposé sur sa quote-part de revenus, qu’ils soient ou non distribués.

L’option pour l’impôt sur les sociétés (IS) modifie profondément le traitement fiscal : possibilité d’amortir les immeubles, mais imposition des plus-values latentes lors de l’option et double imposition potentielle lors des distributions de dividendes. Cette option est généralement pertinente pour les stratégies de capitalisation à long terme ou lorsque le taux marginal d’imposition des associés est significativement supérieur au taux de l’IS.

Comment bénéficier du dispositif Denormandie dans l’ancien ?

Le dispositif Denormandie cible la rénovation d’immeubles dans les centres des villes moyennes. Pour en bénéficier, plusieurs conditions doivent être remplies :

  • Acquisition d’un logement nécessitant des travaux représentant au moins 25% du coût total de l’opération
  • Localisation dans l’une des communes éligibles au programme « Action Cœur de Ville » ou ayant signé une convention d’opération de revitalisation du territoire
  • Engagement de location pendant 6, 9 ou 12 ans, avec respect de plafonds de loyers et de ressources des locataires
  • Amélioration de la performance énergétique du logement (gain d’au moins 30% ou deux classes énergétiques)

La réduction d’impôt s’élève à 12%, 18% ou 21% du prix de revient total (plafonné à 300 000€), selon la durée d’engagement locatif. Les travaux éligibles comprennent la modernisation, l’assainissement, les économies d’énergie et la création de surfaces habitables nouvelles.

Quelles sont les règles d’exonération pour les donations immobilières ?

Les donations immobilières bénéficient d’abattements substantiels, renouvelables tous les 15 ans :

  • 100 000€ par parent et par enfant
  • 31 865€ par grand-parent et par petit-enfant
  • 15 932€ entre frères et sœurs
  • 7 967€ entre neveux/nièces et oncles/tantes
  • 5 310€ entre parents jusqu’au 4ème degré

Ces abattements peuvent être optimisés par des donations en démembrement de propriété. La valeur fiscale de l’usufruit étant déterminée selon un barème légal basé sur l’âge du donateur, cette technique permet de transmettre davantage de patrimoine sous les seuils d’abattement.

Un dispositif spécifique permet également aux donateurs de moins de 80 ans de consentir des dons familiaux de sommes d’argent en franchise de droits jusqu’à 31 865€, cumulable avec les abattements ordinaires, à condition que ces sommes soient affectées à la construction de la résidence principale du donataire ou à la rénovation énergétique de sa résidence principale.

Comment optimiser fiscalement un investissement en résidence services ?

L’investissement en résidence services (étudiante, seniors, tourisme) offre plusieurs leviers d’optimisation fiscale :

La récupération de la TVA sur le prix d’acquisition (environ 16,67% du prix TTC), sous réserve d’un engagement de location meublée pendant 20 ans avec services para-hôteliers

Le statut LMNP avec amortissement comptable du bien et du mobilier, permettant de neutraliser fiscalement les revenus locatifs pendant de nombreuses années

La possibilité de bénéficier du Censi-Bouvard (jusqu’à fin 2023) offrant une réduction d’impôt de 11% du prix d’acquisition (plafonné à 300 000€), en alternative à l’amortissement

La détention via une société soumise à l’IS peut parfois s’avérer pertinente, notamment en phase d’exploitation, pour bénéficier d’une fiscalité allégée sur les bénéfices réinvestis. Cette stratégie nécessite toutefois une analyse approfondie des conséquences à long terme, particulièrement en matière de plus-value lors de la revente.

La mise en œuvre d’une stratégie d’exonération fiscale optimale nécessite une vision globale de votre situation patrimoniale et de vos objectifs à long terme. L’accompagnement par des professionnels spécialisés constitue souvent un investissement rentable, permettant d’éviter les écueils d’une application inappropriée des dispositifs fiscaux tout en maximisant les opportunités d’allègement fiscal.